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Ibni Oumar Mahamat Saleh, est (officiellement) décédé

Nous avons appris le 1er septembre par l’Agence France Presse, le décès du célèbre mathématicien tchadien de l’Université d’Orléans La Source.

Ibni Oumar Mahamat Saleh était un mathématicien internationalement connu. Il avait fait ses études à La Source, et était resté Sourcien de cœur. Il était propriétaire d’un logement à La Source, et aimait s’y ressourcer.

Son ami Edouard BOUKIE lui rend hommage en nous transmettant le texte suivant :

 » IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH , ASSASSINE

Triste et révoltant destin, pour ce sourcien d’origine tchadienne.

Opposant au régime tchadien anti-démocratique en place, il a manifestement été assassiné par Idriss Deby président du Tchad, en février 2008.

Arrivé du Tchad, directement, à Orléans, le 9 octobre 1970, il s’était inscrit au département des mathématiques à l’université d’Orléans, pour y étudier. Aprés 7 ans passés au sein de notre université d’Orléans, Ibni Oumar Mahamat Saleh en est sorti docteur en mathématiques.

Aussitôt son diplôme en poche, notre sourcien s’est vu proposer un poste d’enseignement par un de ses amis, un curé, en Champagne. Il y restera une année universitaire avant de partir en Algérie, comme professeur de sa science. Il n’y séjournera pas longtemps. La république du Niger lui proposera mieux et pour des raison géographiques, ce recrutement était une opportunité. Le Niger est un pays voisin du Tchad. Il y séjournera plusieurs années avant de regagner définitivement son pays natal, le Tchad. Au Niger, le professeur était entouré de coopérants français enseignant dans ce pays. Il y lia de fortes amitiés. Avec certains de ses amis, ils se retrouvaient souvent pendant les vacances à la Source, notre ville.

Mais, Ibni Oumar n’accepte pas les violences politiques du Tchad, son pays, qu’il suit du Niger, tout juste de l’autre côté du Lac Tchad. Il décide de rentrer au Tchad, afin de travailler de l’intérieur pour témoigner des valeurs républicaines, dans un pays où les luttes armées sont récurrentes. Il faut témoigner comme il le dit lui-même, pour que l’état tchadien évolue autrement, pour contribuer à la paix dans la région centrale de l’Afrique. Il fut plusieurs fois ministre dans son pays. Mais à l’impossible nul n’est tenu. Il jette l’ éponge et constitue un parti politique : parti pour les Libertés et le Développement, le P.L.D, en choisissant soigneusement ses cadres à l’intérieur comme à l’extérieur du Tchad. Ce qui fait dire au président tchadien que « le P.L.D est le parti des intellectuels ».

Le professeur Ibni est insatisfait de la mauvaise gouvernance imposée par Idriss Déby, parvenu au pouvoir par un accident de l’histoire et déjà meurtrier à l’âge de 14 ans. Il aurait tué un camarade, volontairement. Ibni Oumar pense qu’il faut construire une grande opposition démocratique. Il réalise une alliance entre une vingtaine des partis refusant l’opposition armée. Le président de la république prend peur et crie au loup en déclarant « Ibni Omar Mahamat Saleh veut me tuer politiquement ». Les menaces ne tardent pas. Le professeur est devenu sa cible, désormais. L’alliance des partis démocratiques intitulée « Coordination des Partis pour la Défense de la Constitution » est l’œuvre du P.L.D dont Ibni est le Secrétaire Général. Dès lors,  il devient « l’homme à abattre », au sens propre du terme, comme l’avait menacé le président Idriss Deby.

En tant que Secrétaire Général du P.L.D et porte-parole de l’alliance, la C.P.D.C , Ibni Oumar se savait  menacé quotidiennement. L’homme, malgré cette situation difficile, s’imposait par une hygiène de vie irréprochable. Il a toujours évité la corruption qui est l’arme majeure de gouvernance du président Deby .

La Source, sa ville d’adoption, lui a toujours permis de venir dormir paisiblement, loin du dictateur Idriss Deby. Il avait souvent une sorte de spleen pour notre ville, qu’il connait bien depuis 38 ans. Ministre en mission, il repasse toujours à Orléans la Source avant de rentrer au Tchad. Il y retrouvait ses amis D. Yves, C. François, ses anciens professeurs et d’autres amis de son enfance qui vivent encore à la Source. Avec ses deux amis cités ci dessus, comme avec ses anciens professeurs, ils avaient réalisé une coopération universitaire entre Orléans et le Tchad. C’est une relation excellente qui produit des docteurs tchadiens en toutes sciences et d’une manière permanente. Ce n’est pas étonnant que la société des savants de l’université d’Orléans, soit constamment intervenue pour défendre notre ami sourcien. Il est parmi eux, mieux encore il est un des leurs.

Ibni Oumar a raison d’avoir acquis un pied à terre pour conserver sa Source. Ses enfants y vivent et son épouse s’y repose actuellement, fuyant la pression exercée par le président Idriss Deby, pour l’empêcher de parler de son époux assassiné. Ibni Oumar a quitté la Source, le 12 septembre 2007, comptant y revenir le 15 février 2008, mais le dictateur Idriss Deby ne lui en a pas donné la possibilité. Selon l’Agence France Presse (AFP) du 01 septembre qui nous apprend que le professeur est bien mort.

La Source reconnait les siens et vous informera au fur et à mesure de la suite de la situation sociale au Tchad liée à la mort du professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh.

Edouard Boukié »

 

 

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